samedi, janvier 03, 2009

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Yossi Sarid / Si j’étais (ou si vous étiez) Palestinien

Dans l'entité sioniste, il existe bien quelques voix empreintes de rationalité et d'humanité comme celle de Yossi Sarid. Je dis bien «quelques,» car il ne faudrait pas s'imaginer que ces voix, par ailleurs divergentes sur de nombreux points, représentent un courant d'une importance quelconque dans l'opinion sioniste.

Ceci dit, ces voix sont toujours bonnes à entendre particulièrement dans les moments difficiles comme ces derniers jours et laissent entrouvert l'espoir qu'un jour la population de l'entité et ses dirigeants entendront la voix de la raison et trouveront un chemin vers l'humanité qu'ils refusent aux Palestiniens mais dont eux-mêmes manquent singulièrement.

Yossi Sarid / Si j'étais (ou si vous étiez) Palestinien

par Yossi Sarid, Haaretz (Sionistan), 2 janvier 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri


Cette semaine j'ai parlé de la guerre à Gaza avec mes étudiants, pendant un cours sur la sécurité nationale. Un étudiant, qui avait exprimé ce qu'on considère comme des opinions plutôt conservatrices – c'est-à-dire des opinions tendant légèrement à droite – a réussi à me surprendre. Sans aucune provocation de ma part, il a ouvert son cœur et avoué : « Si j'étais un jeune Palestinien, » a-t-il dit, «je combattrais les Juifs de toutes mes forces, même par le terrorisme. Quiconque dit autre chose vous ment.

Ses propos m'avaient semblés familiers – je les avais déjà entendu auparavant. Je m'en suis souvenu soudain : il y a environ dix ans, ils avaient été tenus par notre ministre de la défense, Ehud Barak. A l'époque, le journaliste de Haaretz Gideon Levy lui avait demandé, en sa qualité de candidat au poste de premier ministre, ce qu'il ferait s'il était né Palestinien et Barak avait répondu avec franchise : « Je rejoindrais une organisation terroriste.

Ce n'est pas ma réponse personnelle ; le terrorisme pratiqué par des individus, des organisations ou des Etats cherche toujours à infliger des pertes à une population civile qui n'a tué personne. Non seulement le terrorisme est aveugle – détruisant à la fois le saint et le pécheur – mais il agrandit le cercle des durs chez qui le sang monte à la tête : Notre sang est sur leurs têtes, leur sang est sur nos têtes. Et quand on fait l'inventaire du sang des innocents, qui peut en payer le prix en totalité, et quand.

Je hais les terroristes du monde entier, quel que soit le but de leur combat. Cependant, je soutiens toutes les révoltes civiles actives contre n'importe quelle occupation, et Israël figure aussi parmi les occupants méprisables. De telles révoltes sont à la fois plus justes et plus efficaces, et elles n'éteignent pas la flamme d'humanité qui est en nous. Et peut-être suis-je simplement un homme trop vieux pour être un terroriste.

Mais, car il y a un mais, si un jeune aux idées conservatrices a une réponse spontanée qui diffère de la mienne, et que la même réponse a échappé à un général Israélien, alors tout un chacun doit se voir comme si son propre fils courait dans la mauvaise file. Si les choses étaient inversées, notre fils adoré serait presque à coup sûr un foutu terroriste, car il appartiendrait à la troisième ou quatrième génération à connaître le statut de réfugié et l'oppression, et d'où viendrait le salut ? Il n'aurait rien à perdre que ses chaînes.

Tandis que nous, sa mère et son père, pleurerions le départ de ce fils parce qu'il ne reviendra jamais pour revoir la terre où il est né et ses parents ne le reverront plus sauf sur une photographie sur un mur, en tant que chahid, un martyr. Pourrions-nous le retenir avant qu'il mette son plan à exécution? Ne comprendrions-nous pas ce qu'il ressent ? Ce qu'Ehud Barak a compris en son temps – serions-nous incapables de le comprendre?

De jeunes gens sans avenir abandonneront facilement leur avenir qu'ils ne parviennent pas à voir à l'horizon. Leur passé d'enfants des rues et leur présent de chômage et d'oisiveté humiliants leur ferment tous espoir : Leur mort vaut mieux que leur vie, et encore mieux que nos vies, à nous leurs oppresseurs – c'est ainsi qu'ils le ressentent. Du jour de leur naissance à celui où ils ne seront plus de ce monde, ils auront vu leur terre devant eux, terre où ils n'iront pas en tant que peuple libre.

Il n'y a pas les bons et les méchants, il y a seulement des dirigeants qui se conduisent de manière responsable ou délirante. Et aujourd'hui, nous combattons ceux à qui une bonne partie d'entre nous ressemblerait si nous avions étés à leur place pendant 41 ans et demie.


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posted by Djazaïri at 3:15 PM

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